En Balade merveilleuse à la Maison du Citron
Ecrit par Pauline MALLAT.
Passer la porte du domaine de la Maison du citron, c’est comme changer d’univers, tel Alice au Pays des Merveilles. D’un coup, vous basculez. Car cette expérience des sens ne ressemble à aucune autre. Une petite allée bordée de jolis citronniers en pot mais avec déjà, le chant des oiseaux et surtout, l’odeur des agrumes. C’est une fois arrivé au bout de celle-ci, que le temps s’arrête, et que la chute commence. Une chute… vertigineuse de beauté. A flanc de colline, sur cette paroi en bord de mer, se déploie des centaines, des milliers de citrons, oranges, pomelos et même des avocats et quelques bananiers. Sorte de jardin d’Eden des temps modernes, elle déborde d’une végétation intense et luxuriante ambiance «Costa Rica» d’où l’on ne serait pas étonné de voir s’envoler, un perroquet ou passer un singe. Et pourtant, c’est bien dans la ville de Menton que nous sommes, entre Nice et San Remo, là où les Alpes rencontrent la Méditerranée et au cœur de celle que l’on appelle La Riviera. Et c’est ici justement, qu’Alex Simone a choisi de s’engager pour défendre un savoir-faire ancestral et préserver une ressource locale. En parrainant 150 plants de citronniers, la marque contribue ainsi au projet un peu fou de celui qui a décidé, il y a plus de 30 ans, de faire renaître le citron de Menton. L’occasion rêvée de rencontrer «l’homme qui plantait des citrons» et son fils qu’il aime présenter comme son premier citronnier. Laurent et Adrien Gannac ou la passion du citron. Le ton est donné.
La Maison du Citron, 2 970 Route de Super Garavan 06500 Menton
Cette aventure du citron, ça a commencé comment ?
LaurentJ’ai eu une opportunité pour venir travailler à Menton en 1988. Passionné par ce microclimat à tendance subtropicale et cette palette végétale que je pouvais utiliser, j’ai sauté sur l’occasion de travailler ici en tant que paysagiste. C’est alors que j’ai découvert le citron qui, bien qu’ayant déserté les plantations, emplissait littéralement tous les jardins mentonnais. Partout ailleurs, on plante des cerisiers. Ici, ce sont des citrons ! Et puis on ne cessait de me dire, lorsque nous faisions des aménagements à l’extérieur de la ville et que nous arrivions forcément avec des agrumes : « Oh des citrons !! Mais ce sont des Citrons de Menton ? ». C’est là que j’ai compris que ce citron n’était pas un simple citron. Et après quelques recherches, je me suis passionné pour toute son histoire et j’ai compris le potentiel énorme de cette culture. J’ai alors eu la conviction que ça ne pouvait pas s’arrêter là et en janvier 1991, date de naissance de mon fils Adrien, je plantais mon premier citronnier. Une folie car à l’époque, personne n’y croyait si ce n’est quelques fous, comme moi ! La première parcelle, quand on l’a défrichée et qu’on a fait réapparaître les murs en pierre, j’ai véritablement compris l’histoire de ce citron cultivé depuis le 15eme siècle et de tout cet environnement mentonnais sculpté par des générations de paysans. Ils ont creusé la terre, tailler la roche de leurs mains pour planter ces citronniers. Je me suis dit : respect.
Il a quoi de spécial, ce Citron de Menton ?
LaurentCe citron est vraiment particulier avec cette écorce charnue plus ou moins cabossée, cette pulpe à l’acidité relativement modérée et bien plus sucrée et des arômes puissants. Et surtout, cette écorce à la saveur incomparable qui ne présente aucune amertume et peut également être dégustée : tout se mange dans le citron de menton ! Et quand on sait que c’est dans l’écorce que l’on trouve le plus de principes actifs, cela en fait un produit particulièrement intéressant. Se limiter à en boire le jus serait comme lécher le papier et jeter le bonbon !
AdrienDe par ses particularités, le Citron de Menton bénéficie du label européen IGP (Indication géographique protégée) depuis 2015. Ce qui signifie que ne s’appelle pas « Citron de Menton », n’importe quel citron. Il s’agit en effet d’un fruit de très haute qualité, non traité et 100% bio, répondant à de nombreuses exigences : variété, zone géographique limitée avec une altitude et une distance de la mer maximum, une traçabilité… Cette qualité est aussi le fait d’une culture rustique ne permettant pas un mode intensif et n’offrant, de fait, que de faibles quantités. L’année dernière, ont été certifiés « Citrons de Menton », 40 tonnes seulement sur l’ensemble du territoire. Et c’est vrai que si beaucoup se sentent frustrés de ne pouvoir en acheter davantage, il faut savoir accepter de se limiter à ce que nous offre la nature et le terroir mentonnais. Cela en fait un produit d’autant plus rare et précieux.
Une petite présentation, en quelques chiffres, de la Maison du citron ?
AdrienAujourd’hui, la Maison du Citron compte 6 parcelles en production permettant la culture de 600 arbres qui produisent en moyenne 15 tonnes de fruits par an. C’est un métier qui demande beaucoup de patience car il faut attendre 3/4 ans pour pouvoir récolter 5 à 10 kilos par arbre en moyenne puis 4 années de plus pour voir son investissement rentabilisé. Les arbres sont adultes à partir de 12 ans. Notre passion nous pousse à planter toujours davantage et nous rêvons à notre objectif de 1000 arbres d’ici 10 ans.
La Maison du citron, c’est aussi une histoire de famille ?
LaurentC’est surtout une histoire de famille ! Il est vrai que je ne pensais pas du tout qu’Adrien me rejoindrait si vite. Ca a été une très bonne surprise. Car il me donne véritablement les moyens d’exprimer ma passion. Adrien me libère de ces contraintes commerciales, me permettant d’être encore plus efficace sur ma partie, la production et l’entretien de la plantation. On se complète extraordinairement. Nous sommes l’un pour l’autre, le meilleur associé au monde.
AdrienMoi qui adolescent était sûr de 2 choses – ne pas vivre à Menton et ne pas travailler dans le citron – je n’ai finalement pas pu résister à l’appel de la passion familiale ! J’ai rejoint mon père en décembre 2015. Avec mon cursus d’école de commerce, l’objectif était alors de développer son savoir-faire et d’apporter cette complémentarité de transformation qui manque souvent aux agriculteurs qui n’ont plus forcément l’énergie pour se charger de cette phase de commercialisation. Mon rôle est en effet de prendre le relai, une fois le fruit mûr. Notre complémentarité nous permet ainsi d’être la seule entreprise agricole produisant et transformant uniquement des agrumes et essentiellement le citron de Menton. Et c’est vraiment exceptionnel de pouvoir ainsi, en tant que transformateur, maîtriser la production et en tant que producteur, savoir exactement ce que deviennent nos fruits.
Et cerise sur le gâteau, de pouvoir choisir vos partenaires comme… Alex Simone ?
AdrienAbsolument ! C’est un vrai luxe de pouvoir choisir à qui on vend nos si précieux citrons. Et quand Alex Simone a souhaité investir dans 150 plants de citronniers, au-delà de l’aspect financier, c’est aussi et surtout une volonté de s’engager à nos côtés de manière concrète et dans la durée qui nous a séduits. C’est typiquement le type de projet qui nous met des étoiles plein les yeux. Car nous serions vraiment heureux et fiers de pouvoir contribuer à l’extraction d’une huile essentielle de qualité certifiée « Citron de Menton », issue de notre plantation et base d’un parfum signé Alex Simone. Qui sait, dans 30 ans, je pourrai ainsi dire à mes petits-enfants : “Dans cette plantation, il y a la touche Alex Simone. Et le parfum de ta maman, il vient de là. De notre terre. "
Une belle histoire à suivre de très près et dont on vous reparlera, très vite, soyez en sûr…
Laurent, Adrien Gannac et Alicia Frackowiak, directrice artistique d'Alex Simone et en tant que Mentonnaise littéralement amoureuse des agrumes et du citron de Menton.